Editeur : Editions Romaines
Les pluies ne durent jamais en Ecosse, les douleurs fanent, les amants passent, le besoin reste.
Carl
Ferenzi est un jeune auteur d’à peine trente ans. Il déplace sa vie
dans les aéroports. En partance, souvent, tenté d’oublier que toujours "le retour sera inévitable". Il attend son vol pour Nice et c’est la
rencontre. Avec un homme, un inconnu, elliptique, curieux. Un homme qui
suscitera chez lui l’envie de coucher sur papier son "lui", sa
mémoire, ses fantasmes, son intérieur, dans un voyage écrit fait de
maux, de plaisirs, pour se trouver ou déjà simplement se chercher… "Avec vous et par votre grâce, je chasse tous les démons de mon enfance.
Avec vous, je me sépare des ombres et des monstres du placard. Avec
vous, je me jette à l’eau .(…) Je me suis jeté à l’écriture, comme on
s’en remet à la prière, récitant des maux qui n’étaient pas toujours les
miens, sans jamais tricher."
Dans cette longue lettre à
l’anonyme, il y a l’intention libérée, le pèlerinage dans sa part
d’ombre, en lui, en tout le monde, l’analyse de ces fantasmes sans
lesquels on ne vit pas. Et le narrateur s’y livre sans pudeur, à ces
fantasmes, il s’explore, avec le lecteur comme récepteur de son journal
de bord. C’est aussi l’histoire d’un amour fou (fou, l’amour ne l’est-il
pas toujours un peu ?), celui pour l’inconnu, celui pour Mathieu,
l’Amant.
Et c’est beau.
C’est un roman soigné, d’un côté,
désordonné de l’autre, comme le sont les pensées, les désirs, la vie. Il
y a l’amour des mots, dont l’auteur joue, un peu, beaucoup, à la folie.
Il en fait ce qu’il veut, pour aller au plus près de ce qui doit être
dit, sans doute. Il les taquine, attente à leur pudeur, les entreprend,
bouleverse l’ordre, advienne que pourra, qui lira verra.
"C’est
qu’au dernier souffle de ma vie, je veux qu’une orgie soit organisée. Et
que j’en sois l’instigateur. Le grand masturbateur. Le centre du monde.
Que mes camarades n’aient pas plus de vingt-cinq ans. Je veux mourir
entouré de jeunes amants, dans une chambre d’hôtel. Ma mise en bière se
fera au champagne. Et ils continueront de faire l’amour, lorsque j’aurai
quitté la pièce. Ils feront cela, en mémoire de moi."
Les
pluies… est suivi d’une nouvelle, Laissez un message après le strip,
ayant les mêmes gènes, à quelques petites différences près, petites
faiblesses : celles du péché du "trop bien faire". L’auteur y manipule
tant les mots, de néologismes en détournements, que leur beauté parfois
s’annule, parce qu’on en a plein les yeux, oui, mais trop…
J’ai
aimé lire ce livre, dont l’écriture s’enchaîne, s’écoule, freins lâchés,
nous bouscule mais avec un brin de tendresse, quelque part entre les
lignes.
Un roman sans garde-fou, premier et libre.
A moins d'avoir la chance d'en trouver un exemplaire papier dans une bouquinerie, ce livre est aujourd'hui disponible gratuitement au format .pdf, dans l'importance, surtout,
d'exister. Faites-en une simple demande par e-mail à l'auteur : http://cedric.fm/les-pluies-ne-durent-jamais-en-ecosse
Chronique par Virginie