ROMAN : L'histoire de Pi

Auteur : Yann Martell
Editeur : Gallimard



Piscine Molitor Patel, surnommé Pi, grandit dans un zoo et cherche, dès l’adolescence, son reflet dans le miroir des différentes religions existant dans son Pondichéry natal. Islam, Christianisme et Hindouisme lui correspondent toutes par leurs complémentarités et leurs différences. Alors qu’il est né dans une famille laïque, ce questionnement et cet éparpillement spirituels suscitent surprise et étonnement dans son entourage. Et pourtant, cette quête identitaire est également en lien avec son évolution au sein du monde animal si cher à son père où les règles et les interactions lui sont toutes des leçons quotidiennes de vie.

Lorsque le père de Pi décide de conquérir le Canada pour une nouvelle vie et de nouvelles perspectives, toute la famille Patel embarque sur le Tsim Tsum pour la traversée de l’océan, en compagnie des animaux qui n’auront pas été vendus sur place. Inexplicablement, le cargo fait naufrage peu de temps après son départ, mais suffisamment loin de côtes pour qu’aucun secours n’arrive à temps. Miraculeusement sauf, Pi se retrouve dès lors seul au monde sur une embarcation de sauvetage. Seul, ou presque, car un zèbre blessé, une hyène, un orang-outan et un tigre du Bengale s’y sont également réfugiés…

Voyage jusqu’au bout de ses propres limites, de ses propres ressources, mais également jusqu’aux berges les plus friables de la foi, L’histoire de Pi est un roman fait de courants et de vagues, mais aussi de ces calmes plats les plus terrifiants qui soient. C’est une fiction existentielle et métaphorique qui, dans une cruelle beauté, oppose humanité et sauvagerie, spiritualité et pulsions primitives.

On ne niera pas que ce livre souffre quand même de certaines longueurs, qu’il pèche, à certains moments, par excès de précision, mais la volonté finale et l’ultime sens de ce voyage en valent la peine. Livre de l’introspection absolue et symbole d’une maturité extrême, il nous pousse vers cette interrogation impossible sur nos propres réactions, nous ouvre à nos besoins spirituels et philosophiques.

Deux cent vingt-sept jours d’errance, oscillant entre espoir et désespoir, sur l’océan du monde et celui, plus rude encore, de sa propre conscience. Quel incroyable périple…

Chronique par Virginie