BD : Castro

Auteur : Reinhard Kleist
Editeur : Casterman


C’est en 2008 que Reinhard Kleist effectue un voyage à Cuba qui va faire naître chez lui un intérêt passionné pour l’histoire du dirigeant cubain Fidel Castro. Personnage pour le moins controversé, Castro n’en suscite pas moins curiosité.

Au travers du personnage de Karl Mertens, journaliste allemand happé par les idéaux de la Révolution, l’auteur ouvre une porte sur l’histoire de l’homme qui voulait amener une équité sociale dans son pays soumis à l’oppression du président et militaire Batista. Armé avant tout de ses convictions et d’un fort pouvoir de persuasion, Castro s’entoure de figures passionnées dont celle du célèbre Ernesto Guevara. Après une guérilla que l’on croyait précaire dans la Sierra Maestra, Castro suscite l’admiration et récolte le soutien de la population jusqu’au renversement du gouvernement Batista fin 1958.

Devenu une menace pour les États-Unis en raison de son projet de réformes sur la nationalisation de l’économie cubaine et de sa « sympathie » envers l’URSS, Castro verra l’embargo économique, politique, financier, tomber sur son pays. Il impose son projet d’alphabétisation du peuple et d’amélioration des soins de santé avec un certain succès mais, adhérant de plus en plus au communisme, voit la pauvreté de son pays aller croissant. Coupant court par la force à toute tentative de critique du régime et de la Révolution, Castro est encore aujourd’hui considéré comme dictateur s’entourant néanmoins de soutiens puissants en Amérique latine mais aussi en Europe (Jack Lang, Danielle Mitterrand) ou en Afrique (Nelson Mandela).

Comme son compagnon de Révolution Che Guevara, Castro fait partie de ces personnages contrastés qu’il est impossible d’aborder sans nuances. « Naïf », disait de lui Nixon, « mais pas communiste ». Et pourtant…

D
ans ce roman graphique, à l’ombre de Castro, ce personnage fictif de Karl Mertens, tiraillé jusqu’au bout entre sa foi inébranlable en la Révolution et les constatations implacables des exactions militaires sous le régime castriste. Comme ont dû l’être bon nombre de cubains, exilés finalement ou non. Ou le sont encore. Castro, « Fidel » pour ses partisans, a toujours été reconnu pour son aura de séduction et de facilité de communication avec le peuple.

Cet ouvrage, très bien traité mais tout d’un (trop) réaliste et dur noir et blanc, se lit avec beaucoup d’intérêt, d’émotions contradictoires, car il livre avec subtilité un regard sans parti pris. 

Chronique par Virginie


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