Editeur : Dupuis (Aire Libre)
Décidément… Comme en témoignent aussi les Magasin général de Loisel et Tripp, le Québec à l’honneur depuis quelques années dans le neuvième art ! Les essuie-glaces narre un périple d’adieu du niçois Edmond Baudoin à la "Belle Province", où il vécut durant trois ans et enseigna le dessin dans une université.
Cet album marque aussi une évolution car si Baudoin est l’un des maîtres incontestables du noir et blanc, son passage à la couleur avait jusqu’ici plutôt déçu. Or, avec Essuie-glaces l’équilibre entre trait et couleur directe est trouvé.
Sur le plan du récit, il imagine une situation (probablement) fictive - une gare et une inconnue à qui se confier - comme point de départ pour faire tourner son esprit en roue libre, s’interdisant de revenir sur certaines divagations spontanées. Parfois proche de l’écriture automatique, ce journal sonde avec sincérité les questionnements mélancoliques, amoureux et existentiels de son rédacteur-dessinateur… jusqu’à tourner à la prise de tête aussi par moments. Bref, Baudoin fait du Baudoin. C’est le premier à avoir introduit ce type de récit en bande dessinée et il est toujours le seul à le faire aussi bien.
Un bon cru donc, à se procurer d'occasion (puisqu'actuellement épuisé). Mais à ceux qui ne connaissent pas encore sa bibliographie, je recommande plutôt de commencer par Piero, L'Arleri (chez Gallimard), Couma Acò, Eloge de la poussière ou Salade niçoise (à L’Association).
Chronique par Joachim