Liberty

Auteurs : Warnauts et Raives
Editeur : Casterman




A Kinshasa, en 1974, Tshilanda est une adolescente de 16 ans lors du combat entre Mohamed Ali et George Foreman. Des musiciens afro-américains sont de passage, accompagnant James Brown. Leur manager blanc ne pense qu'à déflorer les frêles jeunes filles qui se présentent à lui.

Bien plus tard, on retrouve Tshilanda ayant quitté le Zaïre a
vec le batteur du groupepour New-York. C'est le temps des Black Panthers et de la lutte des noirs pour leur reconnaissance, alors que les soldats reviennent cassés du Vietnam, accros à l'alcool et à la drogue.

Et toujo
urs le temps qui suit son cours. Les rares vraies amitiés qui traversent les décennies. Les blancs qui abusent ou, plus rarement, épaulent. Tshilanda et sa fille Liberty essaient de surnager dans un océan des possibles balayant leur vie de courants contradictoires. Parfois, c’est la voie du découragement qui l’emporte ; parfois celle qui pousse à nager à contre-courant, quand, par exemple, Tshilanda ouvre un salon de coiffure tentant de populariser les coupes afro aux Etats-Unis.
Jusqu'à ce que le métissage des races triomphe lors de l'élection du 44e Président.

Je pourrais reprocher un petit côté scolaire à la réalisation de Warnauts et Raives. D'autre part, leur choix de raconter par le menu de l'émancipation des héroïnes a tendance à complexifier inutilement la lecture. Hormis
ces circonvolutions un peu factices de l’histoire, le dessin est somptueux et le destin, même chargé, de Liberty délivre une humanité tellement palpable.

Indéniablement, la BD ici présente apporte son petit filet d'espoir à un mouvement général qui peut à tout moment refluer. Warnauts et Raives nous invitent simplement à toujours, inlassablement, regarder dans la bonne direction.

Chronique par Yves