Auteurs : Emmanuel Lepage et Sophie Michel
Editeur : Futuropolis
Un peu comme Magasin général (de Loisel et Tripp), Oh les filles ! s’inscrit dans un style de bande dessinée contemplative, dressant finement des portraits psychologiques et s’attardant sur les petits bonheurs et drames de la vie quotidienne.
Dans le Paris contemporain, nous suivons ici le parcours de trois filles très différentes - et néanmoins amies - , de la naissance jusqu’à l’aube de l’âge adulte.
Chloé, élevée par sa seule mère, aux moyens modestes, trouvera rapidement sa vocation de danseuse étoile. Leila, l’immigrée arabe, sera durablement marquée par les évènements qui ont secoué sa famille et trouvera le salut en excellant dans ses études.
Quant à Agnès, la petite fille riche aux parents sans cesse absents, son manque d’amour lui fera douter du sens des relations, de l’existence. N’ayant matériellement jamais manqué de rien, c’est celle qui tâtonnera le plus dans la quête de repères.
Des petites mesquineries d’école aux émois amoureux, en passant par les premières règles, l’expérience de la mort ou encore des succès, Oh les filles ! n’évite certes pas plusieurs clichés, mais offre un éclairage très féminin et touchant sur des parcours de jeunesse. La trame paraît cependant un peu légère pour une histoire s’étalant sur deux tomes et on reste incontestablement sur sa faim. L’attrait de ces livres est en grande partie lié aux splendides dessins d’Emmanuel Lepage (La terre sans mal, Muchacho, Un printemps à Tchernobyl), même si lui non plus, comme d’habitude, n’évite pas certains clichés esthétisants. Souffrant d’une déficience nerveuse au niveau de l’épaule et la main, Lepage a su renouveler sa technique en fonction : l’encrage lui étant devenu quasiment impossible, il a trouvé dans le mélange entre crayonné et aquarelles une approche graphique d’autant plus sensible, semblant rendre hommage à chaque instant au maître René Follet (Les enquêtes d'Edmund Bell, Shelena, Terreur).
Chronique collective de la rédaction Asteline
