Auteurs : Marion Laurent et Arnaud Le RouxEditeur : Futuropolis
Tache (c’est son surnom) vit dans une ville barricadée derrière de grandes murailles. Le pouvoir y est absolu. C’est celui de la Sainte Souveraine, dont les habitants respectueux ne rateraient le défilé annuel pour rien au monde.
Alors qu’il en revient, Tache fait la connaissance de Jude, jeune fille qui s’est échappée de son orphelinat. Avec ses amis un peu voyous, il entreprend de cacher la belle dans les recoins malfamés de la ville.
Tout ça pouvait promettre un peu de suspense, un peu de réflexion sur les pouvoirs totalitaires et sur ce qu’ils ne veulent pas que le peuple découvre au-delà des murailles qui les enserrent. Hélas, les auteurs se concentrent principalement sur les relations entre les jeunes gens en laissant de côté ce qui aurait pu donner de la profondeur à l’histoire. On a affaire à un périple urbain où les héros se limitent à se décocher des vannes - même pas spirituelles - sur un ton badin. Et, aux seuls moments où cela aurait été possible, les auteurs échouent à créer de la tension, tant tout à l’air statique et figé, y compris les attitudes des personnages, impassibles en toutes situations, fussent-elles mortelles.
La faute en revient probablement en partie au dessin. Le crayonné, dans toutes les nuances d’une même couleur sépia, est, à mon avis, beaucoup trop monotone et imprécis, car il engendre des décors très fouillis alors qu’on les aurait préférés fouillés. De plus, à aucun moment ils ne rendent compte d’une réalité en trois dimensions... au point qu'à la fin on n'a toujours pas idée de l’aspect architectural de la cité parce qu’on n'en a rien discerné.
Enfin, malgré qu'ils soient livrés à eux-mêmes dans une ville soi-disant hostile, les visages (généralement angéliques) des protagonistes, donnent définitivement l’impression d’avoir à faire à un exercice de style où la joliesse a pris le pas sur la réalité des sentiments, des réactions ou de l’architecture.
Chronique par Yves