Auteurs : Guibert, Lefèvre, LemercierEditeur : Dupuis
Didier Lefèvre (reporter globe-trotter décédé en 2007), armé de ses trois appareils photo, a accompagné en 1986 une équipe de Médecins Sans Frontières en mission de ravitaillement médical en Afghanistan, alors en guerre avec l’Union Soviétique. Traversant montagnes et cols au milieu d’une caravane d’hommes et de centaines d’ânes et chevaux, ce périple a mené cette équipe vers les villages les plus isolés du pays, autarciques et aux conditions de vie rudes. Hommes, femmes et enfants malades, blessés par des éclats d’obus ou par l’ironie du destin reçoivent les soins attentifs des médecins du groupe, toujours plus déterminés à faire de leur mieux, quels que soient les moyens dont ils disposent ou malgré les infrastructures précaires.
La souffrance, la mort mais surtout le courage et la générosité du peuple donnent à ce groupe opiniâtre l’envie plus forte de lutter, d’avancer, d’apporter sa pièce à l’amélioration de la condition humaine. Risquer sa vie, se battre contre l’épuisement, la peur, le découragement. Mais y croire, toujours. Après trois mois, Didier Lefèvre décidera de faire la route du retour seul, sans l’équipe de MSF. Quête de soi et de sa propre liberté dans un pays hostile. Malgré le risque de se perdre et pas que ça.
Les photos de Didier Lefèvre et le dessin d’Emmanuel Guibert ont fait naître ce livre, aujourd’hui édité en intégrale (accompagné d’un DVD du film réalisé lors de l’expédition par Juliette Fournot, médecin responsable de l’équipe MSF). Le Photographe est un témoignage touchant, qui souffre de certaines longueurs mais malgré lesquelles on finit par s’accrocher. La mise en page et le dessin entrent dans un canevas assez classique, qui correspond sans doute à l’optique de ce "carnet de voyage" où les émotions du photographe finissent malgré tout par se glisser entre les instantanés et les mots.
A ne pas lire dans n’importe quel état d’esprit. Plutôt dans les moments où l’on accepte notre incapacité à grandement changer le monde mais où on se sent prêt à essayer.
Chronique par Virginie
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