Auteurs : Lambé et de Pierpont
Editeur : Futuropolis
Il y a des titres célèbres entrés dans le langage quotidien, si «faciles» à utiliser quand il s’agit de symboliser un autre ouvrage ou une situation… Ici, on pourrait reprendre les mots de Gabriel Garcia Marquez et faire de sa Chronique d’une mort annoncée la phrase qui résume tout.
Même si c’est loin d’être le cas. «Il m’a dit ce que j’avais tellement peur d’entendre». Le médecin-oracle a parlé. La mort est proche. Si proche même, qu’il faut tout abandonner là : l’amour, la maison, la raison, peut-être, pour entamer un dernier voyage. Dans une voiture, à boire du café et manger du chocolat dans les restoroutes, à feuilleter des magazines de culs (bander, c’est vivre), à tenter les dernières réparations, à regarder la vie à laquelle on a plus droit, à aimer son chien qui n’a pas la conscience de la fin, à voir la mer.
Porté par le dessin de Lambé, suggestif et parfois onirique, souvent dans des tons ternes à nous faire pleuvoir les yeux, ce récit d’une fin de vie si difficile à accepter laisse derrière lui un pâle sentiment d’échec, un vide, un risque d’oubli, des questions sans réponses et des excuses mal entendues.
Le sujet est périlleux : avec la consternation de la mort, mieux vaut éviter le pathétique, mais garder le désir de toucher. Etre crédible tout en conservant une forme de liberté. De Pierpont élude les dialogues, se concentrant sur les pensées errantes et parfois la confusion du personnage au visage rarement visible. Ca rend le texte plus efficace et pudique, nous laissant, à nous lecteurs, notre propre chemin à faire.